1. L’Empire Carolingien
Charlemagne hérite du royaume franc de son père, Pépin le Bref, premier roi de la dynastie carolingienne. A partir de 768, il s’engage dans des guerres de conquêtes. Il crée ainsi un vaste empire dans lequel il impose la religion chrétienne.
2. Organisation administrative
Pour contrôler son empire depuis sa capitale, Aix-la-Chapelle, Charlemagne s’appuie sur une organisation administrative très efficace. L’empire est divisé en comtés, contrôlés par des « missi dominici ».
S’ appuyant sur un entourage de savants pour le conseiller, Charlemagne prend des décisions à travers la publication d’actes impériaux, les capitulaires, qu’ il fait appliquer de manière autoritaire.
Les deux empires sont chrétiens. Les deux empereurs font construire de nombreux lieux de culte : Sainte Sophie, la chapelle d’Aix. Ils favorisent l’ extension de la chrétienté soit par les conquêtes comme Charlemagne soit par l’action des moines.
Chrétiens d’ Orient et d’ Occident ont les mêmes croyances mais leur pratique du christianisme diffère. Les tensions entre les deux Eglises sont accentuées par l’opposition entre le pape, résidant à Rome et le patriarche de Constantinople, chef des chrétiens d’ Orient.
Plus tard, le schisme de 1054 provoquera la division de la chrétienté entre une Eglise orthodoxe et une Eglise catholique et romaine sous l’autorité du pape. Deux
chrétientés se feront face et la rupture sera encore plus profonde après le sac de Constantinople par les chrétiens d’ Occident en 1204.
L’ Islam apparaît avec Mahomet au VIIème siècle et se répand facilement au VIIIème siècle dans la péninsule arabique et le long du littoral méditerranéen. Les califes, successeurs de Mahomet sont à la fois des chefs politiques et religieux. Ils s’appuient sur cette religion pour contrôler un territoire devenu immense.
Les contacts entre les deux rives de la méditerranée sont nombreux. Les musulmans ont étendu leur territoire par des conquêtes militaires. La guerre n’ empêche pas pour autant la circulation des hommes. Des relations économiques intenses s’ établissent entre chrétiens et musulmans de la Méditerranée, à l’ image du port d’Alexandrie en contact avec de nombreux ports chrétiens.
Par ailleurs, les échanges intellectuels permettent un enrichissement mutuel. Les mathématiques, la médecine, l’astronomie et la philosophie font d’importants progrès grâce à ces contacts.
La reprise de l’immigration juive vers l’ Europe du Nord au IXème siècle, à l’ époque où l’empire carolingien est en pleine expansion, conduit à la formation des premières communautés juives occidentales au Xème siècle notamment entre le Rhin et la Meuse.
Les prototypes de ces communautés urbaines dénommées «Kahal» se trouvaient en Allemagne dans les trois communautés-mères de Spire, Worms et Mayence connues dans les textes juifs sous l’acronyme de «Kehilot Shum».
A partir de l’époque de Charlemagne on peut attester de la présence de juifs de façon moins éparse et moins individuelle.
Même si au départ les arrivants sont surtout des marchands attirés par les nouvelles opportunités qu’ offrait l’ empire carolingien, ils sont rejoints par
des rabbins, des savants notamment venus d’ Italie.
Elles commencent à apparaitre vraiment dans les sources à partir de la fin du Xème siècle .
Rabbi Moché Kalonymous et son fils Rabbi Mechoulam furent les grands sages et dirigeants de l’ époque dans cette région. La famille Kalonymous était déjà célèbre en Italie. Les Kalonymous auraient eu un très grand rôle dans le
développement de l’étude et de la fondation des grandes communautés juives d’ Allemagne.
Des « piyoutim » célèbres nous ont été transmis de cette époque, ainsi « Ounetané tokef » attribué à Rabbi Amnon de Mayence dont on dit qu’ il fut un Rav de R. Moché Kalonymous.
Cf autres ressources
De l’époque carolingienne on en trouve quelques traces tel ce titre de Rabbi Domtos qui apparait explicitement dans un édit de Louis le Pieux accordant des privilèges aux marchands juifs. Cependant il faudra attendre le début du onzième siècle pour trouver des «responsa» où il sera question des communautés de Troyes et de Sens les impliquant. On y apprendra cependant que la communauté de Troyes n’est pas née avec Rachi !
L’empereur donnait la possibilité aux juifs de jurer différemment des chrétiens qui prêtaient serment sur des reliques saintes pour eux.
Il est évident cependant que ces communautés n’étaient pas grandes. Il y avait bien sûr le célèbre Isaac, envoyé par Charlemagne en ambassadeur auprès du calife Haroun al Rachid et revenu avec un éléphant !
De même, après Charlemagne, sous le règne de son fils Louis le Pieux (empereur de 814 à 840), des privilèges sont accordés aux commerçants juifs. L’empereur déclare même qu’ il prend les juifs sous sa protection et interdit la conversion au christianisme d’ esclaves appartenant à des juifs.
Cependant, il ne faut pas avoir une vision trop idyllique de cette période carolingienne. Les conciles veulent interdire aux chrétiens d’avoir des relations avec les juifs et de leur vendre des esclaves (comme au concile de Meaux en 845).
Les juifs commencent donc à être attaqués par l’ église qui voit d’un mauvais œil que les juifs soient acceptés comme l’ atteste la lettre de l’ évêque d’ Agobard à Louis le Pieux. Ils n’ auront pas gain de cause sous les Carolingiens, Charles le Chauve (843-877) refusant d’ appliquer les mesures du concile de Meaux.
En conclusion, les relations avec le pouvoir carolingien étaient bonnes mais cela ne doit pas nous faire oublier l’ hostilité de l’ église et le fait que les juifs étaient tout de même une minorité tolérée qui obtenait ses privilèges en échange de forts versements aux palais royaux.
Il semble que les Juifs ont joué un rôle primordial dans la relation entre l’occident et l’orient à une époque où les relations entre les deux entités se crispaient sur elles-mêmes, dans un contexte d’expansion de l’ Islam (Charles Martel 732).
Ceux que l’on appelle les «Radhanites», ces marchands de l’époque qui sillonnaient les routes commerciales et à propos desquels les historiens discutent sur l’origine, sont présentés comme juifs dans nombres de sources.
L’exemple d’Isaac envoyé par Charlemagne au calife est un exemple concret de cette relation Occident/Orient.
L’ avantage des juifs était les liens qui les liaient dans différents endroits avec les communautés juives et leur langue commune.
Il semble évident que la majorité des juifs étaient cependant sédentaires et si une grande partie exerçait effectivement le commerce, cela était au niveau local.
Questionnaire
1. A quelle dynastie appartient Charlemagne ?
2. A quelle date s’engage-t-il dans les guerres de conquête ?
3. Quelle est la capitale de l’empire ?
4. Comment Charlemagne organise-t-il administrativement l’empire franc ?
5. Quand le traité de Verdun est-il conclu ? Que stipule -t-il ?
6. Qu’est-ce que le schisme de 1054 ?
7. Quand apparaît l’Islam ?
8. Qui sont les successeurs de Mahomet ? quelles sont leurs fonctions ?
9. Quels vont être les échanges entre Chrétiens et Musulmans ?
Qustionnaire
1. Où se situent les premières communautés juives d’occident ?
2. Pourquoi les juifs s’installent-ils dans ces régions ?
3. Cite quelques grands noms de cette époque.
4. Comment sont-ils considérés par Charlemagne ?
5. L’église suit -elle cette tendance ?
6. Quel rôle sont-ils amener à jouer ? Pourquoi ?
7. Nous reste-t-il des textes liturgiques de cette époque?
8. Sont-ils toujours d’actualité ?
Les communautés juives organisées se trouvaient à cette époque dans les villes de la Rhénane et rn Lorraine (Mayence, Worms, Mayence, Metz). Elles sont dirigées par des rabbins. Le plus célèbre en Europe fut Guerchon Méor Hagola qui fonda l’académie Ialmudique de Mayence. (Yechiva) Il élabore des ordonnances pour les juifs d’Europe telle l’interdiction d’épouser plusieurs épouses. De grands rabbins sortirent de sa Yechiva, qu’on appelait « Les savants de Lorraine dont le plus grand d’entre eux sera Rachi
Extrait de Ounetané Tokef, poème liturgique attribué au rabbin Amnon de Mayence qui fut dit-on un Rav de Moché Kalonymous, grand dirigeant de l’époque.
Combien mourront et combien naîtront
Qui vivra et qui mourra
Qui atteindra la fin de ses jours et qui ne l’atteindra pas
Qui périra par l’eau, et qui par le feu
Qui par l’épée et qui par les bêtes sauvages
Qui par la famine et qui par la soif
Qui par les séismes et qui par les épidémies
Qui par strangulation et qui par lapidation
Qui pourra se reposer et qui devra errer
Qui sera en paix et qui sera poursuivi
Qui sera tranquille et qui sera tourmenté
Qui sera exalté et qui sera dans l’embarras
Qui deviendra riche et qui s’appauvrira
Et par la repentance, la prière et la justice, le rude décret peut être passé.
Comment inscrire l’histoire du peuple juif dans l’histoire universelle ?
Une problématique complexe à laquelle nous répondons.