A la fin du XVe siècle, les Européens se lancent dans de grandes explorations maritimes. Ils cherchent de nouvelles routes pour se rendre directement en Asie où ils veulent se fournir en épices et trouver de l’or et de l’argent. En 1494, les Espagnols et les Portugais se partagent les terres à découvrir : le traité de Tordesillas fixe les règles de ce partage.
En 1492 Christophe Colomb débarque en Amérique.
En 1522, les marins de Magellan réalisent la première circumnavigation : la terre est une sphère dont les océans communiquent. Les différentes parties du monde connu sont reliés.
Cette mondialisation se traduit par un essor des échanges et un renforcement de la puissance européenne. En Asie, les Portugais exploitent un réseau commercial centré sur l’océan Indien.
La controverse de Valladolid est un débat politique et religieux qui s’est déroulé en Espagne au milieu du XVIe siècle pour déterminer les règles permettant de dominer et convertir les Amérindiens du Nouveau Monde.
Organisé par Charles Quint sous le pontificat du pape Jules III, le débat réunit des théologiens, des juristes et des administrateurs du royaume espagnol, afin de « traiter et parler de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde. Il opposa essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda .
La question était de savoir si les Espagnols pouvaient user de leur « droit de conquête » pour coloniser le Nouveau Monde et pour dominer et convertir les « indigènes » (les Amérindiens), ou si les peuples amérindiens étaient légitimes et que les Espagnols devaient donc se limiter à une colonisation- émigration.
La pratique institutionnelle du sacrifice humain observée dans les civilisations précolombiennes a été utilisée comme justification morale du droit de conquête au détriment de la diffusion de la morale chrétienne.
A la du XVe siècle, les grandes découvertes éveillent la curiosité et des intérêts nouveaux.
Des intellectuels, les humanistes, ne se satisfont plus du savoir classique enseigné dans les universités. Ils redécouvrent les textes de l’antiquité grecque et romaine oubliés au Moyen Age.
Les Humanistes mettent l’Homme au cœur de leurs préoccupations et veulent faire progresser l’humanité. Les Humanistes écrivent en latin et de plus en plus dans la langue de leur pays pour être plus facilement lus. Ils voyagent beaucoup, enseignent, correspondent entre eux.
Gutenberg en perfectionnant la technique de l’imprimerie va permettre la diffusion de l’humanisme en Europe. Le mérite de Johannes Gutenberg (vers 1400-1468), imprimeur allemand, est d’avoir rendu facilement exploitable l’ensemble du procédé de composition typographique :
Son associé, Schöffer, imagine de remplacer les moules en sable par des matrices en cuivre. Gutenberg réalise la première impression de la Bible, en latin à Mayence vers 1455.
Au début du XVIe siècle, le monde chrétien connaît des bouleversements.
En 1517, un moine allemand Luther critique l’Eglise catholique dans ses 95 thèses, il s’indigne des ventes d’indulgences que le pape donne pour garantir l’accès au Paradis.
Il incarne la volonté de changement en matière religieuse et crée la première Eglise réformée.
Il est suivi en France et à Genève par les mouvements de Jean Calvin, et d’Henri VIII en Angleterre. Ce nouvel élan suscite l’intérêt de nombreux fidèles qui rejettent l’autorité du pape.
Malgré les réformes catholiques décidées au Concile de Trente (1545-1563) pour tenter de limiter les effets de la réforme protestante, le monde chrétien reste divisé au XVIe siècle.
Des conflits éclatent entre princes protestants et princes catholiques à travers l’Europe et à l’intérieur de certains Etats.
La France connaît huit guerres de religion de 1562 à 1598 avec pour épisode marquant les massacres de la Saint-Barthélemy en 1572.
D’autres conflits se poursuivent au XVIIe siècle entre pays européens avec la guerre de Trente Ans (1618-1648).
I. Dans l’Empire Ottoman
A la fin du XVe siècle, suite aux mesures antijuives dans les états Italiens et en Espagne, l’Empire ottoman apparaît comme une terre de refuge pour les juifs persécutés en Europe occidentale et centrale. Ils viennent peupler par dizaines de milliers son vaste espace. Ils y prospèrent matériellement et spirituellement, chaque synagogue procurant services religieux, juridiques et sociaux.
Par la suite , des conversos, connus sous le nom de marannes (juifs officiellement convertis au christianisme mais continuant à pratiquer le judaïsme en cachette) les rejoignent.
Cette présence ne pose pas de problème aux souverains ottomans, conscients qu’ils ont besoin de leurs capitaux et compétences.
II. En Europe Occidentale
Certains cependant préfèrent rester en Europe occidentale.
Amsterdam, ville principale des Provinces-Unis à la fin du XVIe siècle, devient le centre mondial du commerce au début du XVIIe siècle.
La communauté séfarade d’Amsterdam formée de ces anciens conversos et d’immigrés d’Afrique du Nord prend le nom de Kahal Kodech Talmud Torah. Des réfugiés Achkénazes arrivent d’Allemagne au XVIIe, fuyant la guerre de Trente Ans (1618-1648) et de Pologne suite aux massacres de Chmielnicki (1648)..
La polémique avec le philosophe juif hollandais Spinoza, excommunié par les juifs Amstellodamois en 1656 témoigne d’un souci de retour à un judaïsme normatif.
A. PRAGUE
La communauté de Prague est l’une des plus anciennes d’Europe centrale. ses sources attestant d’une présence juive au Xe siècle. Au XVIe s. il s’agit de la plus importante d’Europe centrale. Celle-ci subit persécutions et expulsions (comme celle brève de 1541 ) mais sous le règne de l’empereur Rodolphe II (1576-1611), qui transfère la cour de Vienne à Prague, la situation se stabilise ce qui favorise un développement culturel exceptionnel
Selon Théodore Dreyfus, (D. parle aux hommes, 1969) le Maharal qui y vit peut être qualifié de « premier penseur juif de l’époque moderne » (cité par M. Picard dans « Juifs et Judaïsme » ).
B. ELABORATION DE LA HALA’HA
Le travail qui amène à la mise en forme définitive de le Halakha commence très tôt:
La période des Richonim commence au 11ème siècle. A la différence de la période précédente de Gaonim, les centres juifs, et avec eux ceux de l’étude se dispersent et les approches talmudiques vont différer, notamment entre les centres achkénazes et séfarades.
Rabbi Itshak Elfassi, le Rif (1013-1103) qui vécut en Afrique du Nord s’attache dans son ouvrage aux conclusions halakhiques du Talmud.
Rachi lui qui vécut à la même époque en Europe va, à la suite de son prédécesseur Rabbénou Guerchom Méor Hagola (960-1028), vouloir rendre le Talmud accessible à tous. Le travail de ses successeurs, les Tossafistes des 12 et 13e siècles ont permis d’en faire un ensemble cohérent. Le dernier Tossafiste parmi les plus célèbres est le Maharam de Rottenburg dont la triste fin de vie, emprisonné dans la forteresse d’Ensisheim (Alsace) d’où il continua a envoyer ses célèbres responsas, illustre la situation précaire des juifs d’Europe occidentale au 13e siècle (v. 1215-1293).
Son disciple, Rav Acher ben Ye’hiel (le Roch) qui immigre en Espagne à Tolède va d’une certaine manière faire la jonction entre l’étude achkenaze et sefarade. Dans la lignée du grand décisionnaire séfarade le Rif (Rabbénou Elfassi, 11e siècle), il rédige les conclusions halakhiques du Talmud.
Son fils, R. Yaakov (v. 1270-v. 1343), connu sous le nom de son célèbre ouvrage le Tour, va entreprendre la grande œuvre de classification des lois que reprendra le Choulkhan Arouh, en 4 grandes parties. A la différence du Michné Torah du Rambam (12e siècle), les lois n’ayant pas cours à notre époque sans Beth Hamikdach, n’y figurent pas. En revanche, le Tour tient compte des conclusions des tossafistes qu’il a reçu de son père.
C’est sur es trois piliers halakhiques, le Rambam, le Rif et le Tour que va s’appuyer Rabbi Yossef Karo (1488-1575) pour élaborer ses conclusions dont fait l’objet le Choul’han Arou’h qui sera acceptée comme le livre de référence en la matière par l’ensemble du peuple d’Israël. Et pour cause, il est le fruit de cette synthèse de la transmission depuis l’époque talmudique jusqu’à la sienne.
Restait à préciser des divergences ou des coutumes achkénazes, ce que fit Rabbi Moché Isserles de Pologne (1520-1572) dans « Ha-Mappah » (la nappe), venant compléter la « table dressée ».
Le mot hébreu « Nasi » signifiant «élevé» ou «prince», a été utilisé comme nom de famille par une importante famille séfarade (juive espagnole) du XVIe siècle. Les membres de la famille comprenaient certains des marchands et courtisans les plus puissants de l’époque, à la fois en Europe chrétienne et dans l’Empire ottoman
Expulsés d’Espagne, ils fuient d’abord au Portugal où ils sont contraints de se convertir au christianisme . Ils prennent le nom chrétien de « Mendes » mais participent pleinement au commerce d’épices avec l’Extrême Orient et fournissent des services financiers vitaux a la couronne. .
L’inquisition les poursuit et ils doivent fuir. Ils s’installent à Anvers puis à Istanbul où ils purent adopter ouvertement leur identité juive sous le nom de la famille « Nasi » et promouvoir des liens commerciaux avec l’Europe de l’ouest et du sud-est. A la mort de son mari Beatriz qui devint à Istanbul « Dona Gracia ». Elle joua un rôle actif dans la vie de la communauté juive ottomane grâce à son généreux soutien aux institutions caritatives, religieuses et culturelles.
Gracia Nasi est également réputée pour avoir mis ses talents et fortune au service de ses coreligionnaires pourchassés par le tribunal catholique depuis Istanbul
Questionnaire
I. L’Europe s’ouvre au monde
1. Quels motifs poussent les Portugais et les Espagnols à découvrir le monde ?
2. Quels sont les grands navigateurs? Que découvrent-ils ?
3. Qu’est-ce que le traité de Tordesillas ?
4. Comment de comportent les conquistadores vis à vis des peuples colonisés ?
5. Qu’est-ce que la controverse de Valladolid ?
II. Les Humanistes
1. Comment se modifie la pensée des hommes pendant la Renaissance ?
2. Comment la pensée humaniste se diffuse-telle en Europe ?
3. Quels sont les progrès techniques et scientifiques au XVe siècle en Europe ?
4. Qu’est-ce que le mécénat ?
III. Les réformes religieuses
1. Que reproche Luther à l’église ?
2.Comment réagissent les autres pays européens face à la réforme protestante ?
3. Qu’est-ce que la contre-réforme? Quelles décisions sont prises par l’église ?
4. Comment Charles Quint et Henri IV mettent-ils fin aux conflits religieux ?
Questionnaire
1. A quelle date les juifs furent expulsés d’Espagne ?
2. Où s’installent-ils ?
3. Y en a-t-il dans d’autres pays ?
4. Qu’est-ce qui permet le renouveau intellectuel de la communauté ?
5. Comment se constitue le Choul’han Arou’h ?
6. Cite un personnage juif marquant de cette époque.
7. Qu’est-ce qui le caractérise ?
8.Quel rôle joua la famille Nasi
9. Quelles sont à cette époque les liens avec le monde non juif ?
9. Décris en quelques lignes le monde juif à cette époque.
Montaigne né en 1533 au château de Montaigne, dans le Périgord est un écrivain, un homme politique, moraliste et philosophe français de la fin de la Renaissance.
Son père est magistrat à Périgueux. Il étudie le droit et quinze ans durant, il siège au Parlement de Bordeaux, ville dont il devient maire de 1580 à 1585.
Il hérite en 1568 de la fortune de son père et fait le choix de se retirer dans son domaine de Montaigne où il commence, dans sa célèbre « librairie » à rédiger les « Essais » dont le premier recueil paraît en 1580.
Montaigne est un humaniste qui considère que l’homme n’a pas à se plier aux règles sociales mais que celles-ci ont à s’harmoniser pour faciliter la vie. Son oeuvre touche à tous les domaines liés aux sciences humaines.
Rabbi Yéhouda ben Bezalel Lowe, 1512-1609, devint le chef spirituel de la communauté juive de Prague d’où son nom le plus connu « le Maharal Prague ».
L’empereur Rodolphe II le tenait en grande estime. Il fit usage de ces excellentes liaisons avec lui au profit de sa communauté, chaque fois qu’elle fut menacée par des attaques ou une quelconque oppression.
Il écrivit de nombreux ouvrages dont le « Derekh Ha’haïm » le « Netsa’h Israël » et le « Nétivot Olam ».
Son nom est associé à la légende du Golem, célèbre dans la culture juive d’Europe de l’Est, créature humanoïde d’argile qui se meut si l’on lui appose le nom ineffable de D. Il l’aurait créé afin de protéger les juifs du ghetto contre les trop nombreux pogroms.
Toutefois, le Maharal n’est pas devenu une figure vénérée dans le peuple juif en raison de ses pouvoirs surnaturels mais grâce à son oeuvre unique. Elle constitue un relais de première importance dans la transmission de la pensée juive.
Au 16ème siècle, la Kabale se développe à Safed dans le nord d’Israël.
Le penseur le plus emblématique de la première période est le Rav Moise Cordovero, mais le personnage central reste Rav Isaac Luria le Ari Zal
Isaac Louria naît à Jérusalem en 1569. Il est considéré comme le penseur le plus profond du mysticisme juif et le fondateur de l’école kabbalistique de Safed où il vécut jusqu’à sa mort à l’âge de 38 ans.
On le connaît aussi sous le nom de:
– Le Ari est l’ acronyme de « Ashkenazi Rabbi Isaac » ou « Adoneinu Rabbeinu Isaac » (notre maître, notre rabbin Isaac) selon les sources. Par ailleurs le mot Ari (ארי) signifie également « lion ».
– Le Ari zal (Ari sa mémoire est une bénédiction) ou Ari hakadosh (le Saint Ari) .
Sa théorie exposée par plusieurs de ses disciples, principalement par Rabbi Haïm Vital (1542-1620) dans des ouvrages dont le plus connu est le Sefer Etz Ha’hayim (le Livre de l’Arbre de Vie) porte le nom de kabbale lurianique.
Vue sur une ruelle de Safed
Rabbi Chlomo ben Moché Halévi Alkabetz fut lui aussi un grand kabbaliste et un poète de renom. Il est l’auteur du célèbre piyyout « Lekha Dodi » de Kabalat chabbat dans le monde entier.
La Renaissance prend vie en Italie à partir du XVe siècle lorsque les artistes commencent à exprimer leur art librement en faisant revivre la culture antique. Elle s’étend ensuite à la Grèce, l’Espagne, la Flandre, l’Allemagne puis à la France et à d’autres. Elle se termine à la fin du XVIe siècle.
Les artistes puisent leur inspiration dans les œuvres antiques gréco-romaines pour donner naissance au style Renaissance. Cela se traduit dans les peintures, et également dans l’architecture. Les châteaux forts de défense laissent par exemple place aux somptueux châteaux de style Renaissance italienne, beaucoup plus esthétiques.
Parmi les peintres les plus connus de cette époque, Michel-Ange, Raphael, Léonard de Vinci,
En France, l’histoire artistique est étroitement liée aux rois, qui sont de grands mécènes. François Ier (1494-1547), le grand roi de la Renaissance, fait venir à sa cour, à Fontainebleau, des architectes, des sculpteurs, des peintres et des jardiniers. il devient également le mécène du célèbre peintre Léonard de Vinci (1452-1519). Il l’accueille dans sa demeure du Clos Lucé, près de son château. L’artiste y travaille jusqu’à la fin de ses jours. Il laisse ainsi la Joconde en héritage à la France.
La Joconde de Léonard de Vinci
La présence juive en Italie remonte à l’exil des populations qui suivit la conquête romaine d’Israël. Elle de renforce suite aux expulsions des populations juives des autres pays d’Europe (1348-1349 pogroms en Allemagne, expulsions en France sous Charles VI) et de l’Inquisition en Espagne.
C’est surtout à la Renaissance que cette communauté plutôt prospère se développe et s’intègre dans la société ambiante où elle jouera un certain rôle dans le commerce, les finances et même la culture.
Et pourtant c’est là-bas qu’en 1516 sera créé à Venise, le premier « ghetto » et les suivants : Vérone en 1600, Padoue en 1627 où l’on obligera les juifs à vivre et à organiser leur quotidien (lieux de culte, de commerce et de vie sociale).
Les portes des ghettos furent détruites en place publique à l’arrivée de Napoléon.
Comment inscrire l’histoire du peuple juif dans l’histoire universelle ?
Une problématique complexe à laquelle nous répondons.