A la croisée des Histoires

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La difficile entrée dans l'âge démocratique

Histoire juive

La difficile accession à la citoyenneté

I. La France de 1815 à 1870, entre monarchie et république

1. 1815-1848 : la monarchie constitutionnelle

Napoléon Ier vaincu, les souverains d’Europe imposent en France le retour des rois. Louis XVIII accorde une charte aux Français. Dès Juin 1814, cette charte garantit quelques grands acquis de la Révolution, comme l’égalité devant la loi et les libertés individuelles. Mais le suffrage censitaire limite l’expression populaire car seuls les riches, pouvant payer l’impôt ( le cens) peuvent voter et être éligibles.  Mais son successeur, Charles X, est favorable à l’absolutisme . L’opposition grandit et la révolution parisienne des Trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) le renverse. En effet, le 26 juillet 1830, Charles X promulgue quatre ordonnances limitant les droits du Parlement et supprimant la liberté de la presse. Il modifie le mode d’élection des députés pour s’assurer la victoire électorale. Pour les libéraux, c’est un coup d’Etat. Très vite, des émeutes éclatent et Paris se couvre de barricades.  Le 27, 28, 29 juillet,  devant le palais des Tuileries, les insurgés affrontent les troupes royales. Les combats font près de 500 morts parmi les insurgés, mais Charles X est renversé.

Le retentissement est énorme partout en Europe des révolutions éclatent . C’est un « printemps des peuples » où les aspirations libérales et nationales balaient l’ordre établi depuis 1815, lors du congrès de Vienne, après la chute de Napoléon Ier.  Mais la stabilisation est impossible car la Révolution française a profondément bouleversé les sociétés européennes. Les peuples aspirent à conserver le principe de l’égalité et à devenir des nations libres. Les insurrections sont constantes de la part ces libéraux et des patriotes. Après une longue guerre contre l’Empire ottoman, les grecs obtiennent  leur indépendance . En 1830, une vague révolutionnaire se propage partout en Europe mais la répression des princes l’emporte.

Horace Vernet : Le duc d’Orléans quitte le Palais-Royal, pour se rendre à l’Hôtel de ville. 31 juillet 1830. / https://en.wikipedia.org/wiki/fr:Horace_Vernet

Un nouveau roi  Louis Philippe, nommé roi des Français, rétablit les libertés. Le régime parlementaire se consolide. Mais le gouvernement refuse d’élargir le droit de vote et de prendre des mesures contre la misère ouvrière. Malgré leur faible poids à l’Assemblée, les opposants à la monarchie de Juillet, majoritairement républicains, organisent à partir de 1847 des banquets où ils mettent la question du suffrage  et de la démocratie représentative au cœur des débats. C’est l’interdiction d’un de ces banquets qui est à l’origine de la révolution 1e 18148 à Paris.

Les républicains déclenchent alors la révolution de février 1848.Louis Philippe abdique. La IIe République est proclamée par Alphonse de Lamartine le 24 février 1848.

 

Félix Philippoteaux, Lamartine refusant le drapeau rouge devant l’Hôtel de ville, v. 1848, huile sur toile, 298 x 629 cm, musée du Petit Palais, Paris.2. 1848-1852 : la IIe République

Proclamée le 28 février 1848, la Deuxième République se veut démocratique et sociale. Le suffrage universel masculin est décrété et l’esclavage est aboli dans les colonies. Ces lois sont complétées par des mesures sociales. Les ateliers nationaux sont créés et le temps de la journée de travail est limité à 10h.

Mais la fermeture des ateliers nationaux, jugés trop coûteux, entraîne la révolte des ouvriers, écrasée par l’armée. (Cf. autre ressource /la Révolution de 1848 et la IIe République).  Les tensions liées à l’augmentation des impôts, à la politique extérieure ou aux ateliers nationaux font voler en éclats l’unité républicaine. La répression contre le peuple parisien est terrible.

Elu président de la République en 1848, Louis Napoléon Bonaparte profite de la situation. Par un coup d’Etat, le 2 décembre 1851, il s’empare de tous les pouvoirs.

3. 1852-1870 : le Second Empire

Le 2 décembre 1852, à la suite d’un plébiscite, Louis Napoléon proclame l’empire et devient Napoléon III. Il met en place un régime autoritaire. La répression policière s’abat sur les républicains soutenus par l’écrivain Victor Hugo.

A partir de 1860, l’Empire devient plus libéral. Les libertés de la presse et de réunion sont rétablies  Le droit de grève est accordé aux ouvriers ;

Inquiet de la montée en puissance de la Prusse, Napoléon III lui déclare la guerre en 1870. Mais il est vaincu à Sedan et fait prisonnier. Les républicains proclament la naissance de la IIIe République

 

 

II. L’enracinement de la IIIe République : 1872-1914

Le 19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse. Le 2 septembre 1870, à Sedan, l’empereur des Français est capturé par l’armée prussienne. Les députés de l’opposition républicaine, comme Léon Gambetta ou Jules Ferry, proclament alors la déchéance du Second Empire et l’avènement de la République. Les Prussiens encerclent la capitale. Malgré l’opposition de Gambetta, le gouvernement se résout à signer l’armistice avec l’Allemagne le 26 janvier 1871 et impose l’annexion de l’Alsace et de la Moselle. C’est l’humiliation.

1. 1871-1879 : l’installation de la République

La République naît difficilement en 1871. Des élections législatives portent au pouvoir les monarchistes qui choisissent Adolphe Thiers comme chef du gouvernement. Thiers autorise l’armée allemande à défilera triomphalement dans Paris, il choisit Versailles comme nouvelle capitale et ne verse plus les salaires de la garde nationale. Contrairement à la Province, Paris a voté massivement pour les Républicains , pour la poursuite de la guerre et s’oppose aux décisions de Thiers. En réaction, la garde nationale refuse de se soumettre à l’autorité des Versaillais.

Le 18 mars 1870, le drame éclate. Thiers ordonne de s’emparer des canons de la garde nationale sur la butte Montmartre. Furieux, les Parisiens s’y opposent, à l’image de Louise Michel. Thiers ordonne à ses troupes de se retirer des la ville , pour en faire le siège. La ville entière se révolte et élit les représentants de la commune de Paris.

Soucieuses d’en finir avec la logique révolutionnaire des communards, les troupes versaillaises pénètrent dans Paris, avec une violence sans limites , lors de la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai 1871. Elle écrasent la révolte de la Commune de Paris. (cf. autre ressource/ la commune de Paris).

En 1875, des lois institutionnelles sont votées et fondent définitivement la République. Les élections donnent les républicains majoritaires.

2. 1879-1914 : l’affirmation de la République

La République devient une démocratie libérale qui prend la forme d’un régime parlementaire. La Chambre des députés devient le lieu de vifs débats entre les Républicains (Ferry), les radicaux (Clémenceau) , les socialistes ( Jaurès) . (cf. personnage/Clémenceau/ Jules Ferry)

La République fonde sa culture sur des symboles forts : le 14 juillet devient la fête nationale, la Marseillaise devient l’hymne officiel et le buste de Marianne, symbole de la liberté, est exposé dans les mairies.

La République consolide les libertés : loi sur la liberté de la presse (1881), sur la liberté syndicale (1884 ), sur la séparation des Eglises et de l’Etat (1905). Jules Ferry organise l’école primaire gratuite, obligatoire et laïque. Les maîtres sont investis d’une double mission ; former les futurs citoyens et forger l’unité de la nation.

Fragile, le République doit faire face à de nombreux dangers comme la crise boulangiste (1886-1889) ou les attentats anarchistes ( 1892-1894), qui se nourrissent de l’antiparlementarisme. 

L’affaire Dreyfus ( 1894-1906) fait même vaciller la République mais elle donne aussi un nouvel élan aux idéaux républicains. ( cf/ autres ressources/l’affaire Dreyfus)
La société reste donc traversée par de nombreuse tensions, notamment entre les républicains anticléricaux et l’Eglise catholique qui réagit vivement à l’instauration de la loi de 1905.

I. La situation des Juifs de France de 1815 à 1870

En Europe occidentale, certains Juifs veulent maintenir une identité juive tout en s’intégrant pleinement au sein de la société. Cette volonté donne naissance à des courants dont les idées sont conformes à celles de la société ambiante à laquelle ils veulent se fondre Les idées émancipatrices se concrétisent et la multiplicité des choix entraîne une multiplicité de positions. Les adaptations se font avec un maintien de la pratique traditionnelle du judaïsme ou pas. (cf. Autre ressource/ La formation ses différents courants au sein du Judaïsme).

La Restauration n’apporte pas de changement dans le statut des Juifs instauré pendant l’Empire par Napoléon Ier. Un événement fondateur a lieu pendant le règne de Louis-Philippe, le vote de la loi sur le financement du culte, suite logique de la nouvelle constitution qui avait établi que le catholicisme était la religion de la majorité des Français et non plus la religion d’État. Le 1er février 1831, un projet de loi rapporté par Augustin Perier est adopté. Il détermine : « À compter du 1er janvier 1831, les ministres du culte israélite recevront des traitements du Trésor public ». La loi du 8 février 1831 précise l’égalité des ministres du culte des différentes religions. Cette loi qui établit l’égalité entre les trois cultes catholique, protestant et israélite est exceptionnelle. Les Juifs sont alors en France moins de cent mille et leurs rabbins sont des fonctionnaires payés par l’État. Cette situation unique au monde va permettre un développement remarquable de la communauté juive au XIXe siècle et la construction de nombreuses synagogues.

Sous la Seconde République et le Second Empire, l’ascension sociale de nombreuses familles juives se traduit par une forte émigration des Juifs de leur habitat traditionnel vers les grandes villes.

L’égalité juridique entraîne l’assimilation de nombreux Juifs qui peuvent oublier en peu de générations toute pratique du judaïsme. Elle permet aussi à quelques-uns d’entre eux d’atteindre une pleine réussite sociale, aussi bien dans la banque avec les Pereire et les Rothschild, que dans la politique avec Adolphe Crémieux et Achille Fould ou que dans les arts avec Rachel, Offenbach ou Waldteufel. On ne parle plus de Juifs mais d’Israélites.( cf. Personnage : Crémieux/Juifs d’Algérie/ L’Alliance Israélite).

II. La situation des Juifs de France de 1870 à 1914

Sous la IIIe République

1. Les conséquences de la perte de l’Alsace Lorraine

Selon le recensement de 1866, la France compte 90 000 Juifs (soit environ le double de ce qu’ils étaient au début du siècle) dont 36 000 en Alsace. La perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine est une catastrophe pour le judaïsme français : le recensement de 1872 ne compte plus que 49 000 Juifs. Toutefois, beaucoup des Juifs d’Alsace et de Lorraine, très reconnaissants à la France de leur avoir apporté liberté et égalité des droits choisissent de quitter l’Alsace ou la Lorraine allemandes et d’émigrer vers la France. Les estimations du Consistoire indiquent 60 000 Juifs en France en 1882 et 71 000 en 1897. Ces estimations sont peut-être sous-évaluées car des familles partiellement déjudaïsées n’avaient plus de contact avec le Consistoire et les nouveaux immigrants fuyant les persécutions d’Europe orientale ne se déclaraient pas nécessairement au Consistoire. Parallèlement, la population juive d’Alsace et de Lorraine annexée par l’Allemagne décroît de 41 000 à 32 000 en 1900.

La perte de l’Alsace et de la Lorraine accentue l’évolution du judaïsme français. Les Juifs de l’Est mais aussi ceux des autres régions quittent les petits bourgs pour les grandes villes et Paris, en même temps qu’ils abandonnent leurs activités traditionnelles comme le colportage en Alsace pour devenir des commerçants bien établis ou pour exercer des professions libérales. La pratique de la religion diminue et, parmi les Juifs célèbres de l’époque particulièrement dans la finance, rares sont les familles comme les Rothschild qui pratiquent le judaïsme et contribuent à l’édification et à l’entretien de ses écoles et synagogues.

2. Le développement de l’antisémitisme et la naissance du sionisme

Pourtant, alors que le siècle n’avait pas été défavorable aux Français juifs, ceux-ci doivent faire face à une nouvelle vague d’antisémitisme. A l’ancien antisémitisme chrétien dont l’affaire de Damas en 1840 qui reproduit l’accusation du crime rituel prouve qu’il est encore vivant venant essentiellement des parties de droite s’ajoute l’antisémitisme séculier provenant essentiellement des parties de gauche avec son pendant : l’anticapitalisme. Les Juifs sont systématiquement assimilés aux Rothschild alors que la majorité d’entre eux appartiennent à la petite bourgeoisie ou à la classe moyenne.

Ces idées vont nourrir la judéophobie qui se développe avec l’arrivée en France des immigrants d’Europe de l’est fuyant les pogroms du début des années 1880. Ce magma va produire une nouvelle théorie, liée à la notion de race initiée notamment par Darwin (1809-1882), qui sera diffusée par Edouard Drumont dans « la France juive » (publiée en 1886) présentant le juif mercantile rusé et intrigant, comme celui qui tire les ficelles du gouvernement français. En 1892, Drumont va accuser les juifs, dans son journal « La parole libre », d’infiltrer l’armée et d’être en passe d’être « définitivement les maîtres de la France le jour où ils commanderont l’armée ».

Ainsi se prépare l’affaire Dreyfus éclatant en 1894. (cf. Autre ressource/ L’affaire Dreyfus)

À l’occasion de cette longue affaire, les Juifs de France vont découvrir  le nouveau visage de l’antisémitisme. La presse et la foule déchaînées ont proféré les pires slogans antisémites, entendus par le journaliste viennois Théodore Herzl, qui écrira le texte fondateur du sionisme, L’État des Juifs. Immigration d’Europe centrale et orientale

3. L’immigration des Juifs d’Europe centrale et orientale.

Malgré l’affaire Dreyfus, la France reste très attractive pour les Juifs d’Europe centrale et orientale toujours victimes de persécution et de discrimination dans leurs pays. Depuis les années 1880, une vague d’immigrants juifs fuyant les pogroms d’Europe de l’Est arrive ainsi en France. Ces immigrants parlent yiddish et sont pour la plupart ouvriers ou artisans. Ils s’établissent souvent dans le quartier du Marais, à Paris, par exemple dans la rue Ferdinand-Duval, l’ancienne rue des Juifs rebaptisée en 1900 après l’affaire Dreyfus. Les rapports avec les Juifs locaux sont tendus : les nouveaux arrivants considèrent leurs coreligionnaires comme « peu juifs », tandis que ceux-ci voient d’un mauvais œil ces Juifs évoquant bien plus qu’eux-mêmes certains préjugés antisémites ; l’inauguration de la synagogue russo-polonaise de la rue Pavée en 1914 se fait ainsi hors la présence du Consistoire ou du rabbinat.

C’est pourtant du rang de ces immigrés que sortent certaines grandes figures, qui vont participer au rayonnement artistique de la France dans le monde : Pascin arrive en France en 1905, Lipchitz et Zadkine en 1909, Chagall en 1910, Soutine en 1912, Mané-Katz en 1913. Ils sont, avec d’autres immigrés comme Modigliani, arrivé d’Italie en 1906, parmi les membres les plus éminents, voire fondateurs, de l’École de Paris.

Cette immigration contribue à la croissance du nombre de Juifs en France qui sont estimés en 1914, à la veille de la guerre, à 120 000 dont un tiers d’étrangers. 30 000 autres vivent en Alsace-Lorraine où ils sont souvent restés très francophiles et 70 000 en Algérie.

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L’évolution politique en France de 1815 à 1914

Questionnaire

1. Quels régimes politiques  se sont succédé de 1815 à 1914 ?

2. Qu’est-ce que les trois glorieuses ?

3. Qu’est-ce que la Commune de Paris ?

4. Quels sont les libertés acquises sous la IIIe République ?

5. Quelles sont les causes de l’affaire Dreyfus ?

La situation des Juifs de France de 1815 à 1914

Questionnaire

1. Quelles sont les deux tendances de la communauté suite à l’émancipation ?

2. De quand date la loi de financement du culte par l’état ? Est-ce toujours valable ?

3. Combien y a t il de juifs en France au XIX ème siècle ?

4. Quelles sont les conséquences de la perte de l’Alsace Lorraine pour les juifs ?

5. Quelle est la conséquence de l’arrivée des juifs d’Europe centrale ?

6. Cite quelques grandes figures et quelques artistes juifs de cette époque ?

 

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I. Lamartine

Alphonse de Lamartine est un poète, un diplomate et un homme politique. Issu d’une famille aristocratique, il est légitimiste jusqu’aux années 1830 et est élu député en 1833. Il adopte peu à peu des idées libérales et progressistes, qu’il défend tout au long de la monarchie de Juillet pendant laquelle il est un opposant au roi Louis‑Philippe. Il prend part activement à la révolution de février 1848 et à la mise en place de la IIe République.

II. Victor Hugo

Le 11 décembre 1851 au soir, à la gare du Nord, (…) un voyageur monte dans le train pour Bruxelles. De taille moyenne, le visage encadré de cheveux longs tombants, il a dans sa poche un passeport au nom de Jacques-Firmin Lanvin, ouvrier imprimeur. Ce n’est pas sa véritable identité, ni son vrai métier. Cet homme au «front monumental», aux «prunelles d’aigle», comme le décrit son ami Théophile Gautier, c’est Victor Hugo. Il s’en va. Il fuit le coup d’Etat perpétré neuf jours plus tôt, le 2 décembre, par Louis-Napoléon Bonaparte, qui de légitime président de l’éphémère IIe République – elle n’a duré que quatre ans, neuf mois et huit jours – s’apprête à devenir, par la force des armes, l’empereur Napoléon III.

Hugo a alors 50 ans et un passé impressionnant. Académicien français depuis dix ans, pair de France par la grâce du roi Louis-Philippe, il a été élu maire du 8e arrondissement de Paris en 1848, puis député l’année suivante. C’est à la fois un écrivain à succès et une personnalité politique en vue. (…)

Les Français se préparent à approuver massivement, lors de deux plébiscites, non seulement le coup d’Etat du prince-président mais aussi le rétablissement de l’empire. Victor Hugo, lui, au soir du 2 décembre 1851, a signé un appel virulent à la résistance armée – «charger son fusil et se tenir prêt» – qui n’a rencontré aucun écho. Devant l’échec, il a hésité, se cachant à demi, songeant à se constituer prisonnier pour embarrasser de son éminente personne les nouvelles autorités. Le commissaire auquel il a voulu se livrer, fin politique, lui aurait fait cette réponse admirable : «M. Hugo, je ne vous arrête pas car je n’arrête que les gens dangereux.» Pour finir, devançant le bannissement décrété contre lui ainsi que contre une soixantaine d’autres députés, le poète a choisi de partir pour un exil qui va durer vingt ans, d’abord à Bruxelles, puis à Jersey, puis à Guernesey. Dans le train qui le mène vers la Belgique, il emporte dans ses bagages la puissance éruptive de son talent, ses fulgurances de visionnaire, ses grands projets pleins d’humanité et les livres qu’il lui reste à écrire – et qui compteront parmi les plus importants, comme La Légende des siècles ou Les Misérables. Il emporte aussi l’amertume du vaincu et une haine monumentale, car rien ne l’apaisera, envers «l’usurpateur» qui s’est emparé du pouvoir.

D’après GEO https://www.geo.fr/histoire/victor-hugo-et-napoleon-III-pourquoi-tant-de-haine-193048
III. Clémenceau – Jules Ferry

1. Clémenceau- 1832-1929 : Médecin issu de la bourgeoisie républicaine, député de Paris, journaliste (directeur de l’Aurore). Il s’oppose à la politique coloniale de Jules Ferry. Il fait partie du camp Dreyfusard. Il dirige le ministère de l’Intérieur puis devient Président du conseil de 1906 à 1909. Il fait exécuter la loi de Séparation des Eglise et de l’Etat.

2. Jules Ferry -1832-1893 : Opposant au Second Empire, maire de Paris, avocat et homme politique républicain modéré. Il participe à la proclamation de la IIIe République. Il s’oppose aux monarchistes. Il est président du Conseil (1880-1881 et 1883-1885).Il institue l’enseignement primaire gratuit , laïque et obligatoire pour tous.

 

I. Shimshon Raphel Hirsh

Shimshon Raphael Hirsch   (1808 1888). fonda en 1851 la communauté orthodoxe de Francfort en Allemagne . S’opposant à la réforme du Judaïsme, il jette les bases du judaïsme orthodoxe moderne. Il établit la première école juive moderne, et défend dans ses nombreux écrits sa conception sur l’intégration d’éléments de la culture moderne dans la vie juive sous le nom de « Torah im derekh Eretz – suivre la Torah ainsi que les voies du pays [de résidence »

Shimshon Raphael Hirsch est principalement connu de nos jours pour ses écrits :

  • Dix-neuf lettres sur le judaïsme.,
  • Horev: Essais sur les devoirs d’Israël en exil
  • Un commentaire sur la Torah en 5 volumes

 

II. Isaac Moïse, dit Adolphe Crémieux

Homme politique franç ais ( 1796-1880), avocat à la Cour de cassation en 1830, président du consistoire central des Israélites de France (1843), député de 1842 à 1851, il contribue à la chute de Guizot. Ministre de la Justice dans le Gouvernement provisoire (1848), il démissionne presque aussitôt. Il soutient la candidature de Louis Napoléon Bonaparte à la présidence de la République, tout en votant avec l’extrême gauche, mais il se détache bientôt ouvertement de lui et est incarcéré lors du coup d’État du 2 décembre 1851. Libéré, il s’en tient à ses activités d’avocat. Député de Paris en 1869, il siège à l’extrême gauche. Le 4 septembre 1870, il devient ministre de la Justice dans le gouvernement de la Défense nationale. Il obtient alors que la qualité de citoyen français soit accordée aux Juifs d’Algérie (décret Crémieux). En 1864, il était devenu président de l’Alliance israélite universelle. ( Encyclopédie Larousse)

Vers l’intégration des Juifs d’Algérie

La communauté juive française commence à s’intéresser à ses coreligionnaires moins favorisés. Elle se tourne vers les Juifs de l’empire colonial français naissant en Algérie et plus généralement vers ceux du bassin méditerranéen.

La première préoccupation des Juifs français est de travailler à l’amélioration du sort des Juifs de l’Algérie récemment conquise qui avaient subi jusqu’alors le statut vexatoire de dhimmis. Sous le règne de Louis-Philippe et grâce à l’implication d’Adolphe Crémieux et de Max Théodore Cerf-Berr, le gouvernement crée trois consistoires à Alger, Oran et Constantine, qui sont rattachés au Consistoire central de France en 1862. Parallèlement, Crémieux milite pour l’octroi de la nationalité française à tous les Algériens, Arabes et Juifs, proposition à laquelle s’opposent colons et militaires français. Ce n’est qu’à son retour au gouvernement après la chute de Napoléon III qu’il obtient, le 24 octobre 1870, un décret signé de Léon Gambetta qui fait des Juifs algériens des citoyens français. Les colons s’opposent à son application aux Arabes. Les Juifs y perdent leur statut civil et y gagnent la citoyenneté, le droit à l’éducation, le droit de vote et l’obligation de faire leur service militaire. Ce décret leur ouvre la société française malgré l’hostilité de certains colons.

Création de l’Alliance israélite universelle

En 1860, à la suite de l’affaire Mortara, garçon de 6 ans enlevé par les autorités papales en 1858 pour être élevé au sein de la religion catholique, est créée l’Alliance israélite universelle. Les fondateurs en sont des notables juifs dont Adolphe Crémieux.

Avec ses écoles qui assurent une éducation juive et profane, l’Alliance israélite universelle donne, pendant plus d’un siècle, une culture juive et française à des milliers de jeunes Juifs du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient.

 

III. Théodor Herzl

Écrivain hongrois, promoteur du sionisme (1860- 1904).Correspondant à Paris (de 1891 à 1895, il est très frappé par l’antisémitisme que l’affaire Dreyfus met au jour. Ce Juif qui, jusqu’alors, était éloigné de toute religion, expose alors dans son ouvrage l’État juif [1896] sa conception du sionisme, proposant la reconstruction d’un État dont la possession permettra, seule, aux Juifs, de retrouver leur dignité et leur sécurité. Pour la première fois, une solution mondiale, de caractère économique et politique, est proposée au problème juif ; Theodor Herzl reçoit de nombreuses adhésions, mais se heurte aussi à l’indifférence ou à l’hostilité de plusieurs personnalités juives. Surtout entendu en Europe orientale, Theodor Herzl multiplie les démarches en faveur de sa cause, réunit à Bâle le premier congrès sioniste (1897), crée la Banque nationale juive et le Fonds national juif pour l’achat de terres en Palestine. Malgré son activité, il ne pourra réaliser son plan. Son corps a été transféré à Jérusalem en 1949.

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I. Les journées de juillet 1830 ou les Trois Glorieuses

Journées révolutionnaires des 27, 28, 29 juillet 1830, qui renversèrent Charles X et mirent fin à la Restauration.

Préparées en grand secret et signées par Charles X le 25 juillet, les quatre ordonnances de Saint-Cloud – suspendant la liberté de la presse, dissolvant la Chambre, restreignant le droit de vote – déclenchent l’insurrection de juillet. Ce sont les journalistes, les plus directement touchés, qui sont les premiers à réagir. Ils se réunissent au journal le National et rédigent une protestation dans laquelle ils refusent de reconnaître la dissolution des Chambres des députés et l’autorité du gouvernement. Parmi ces rédacteurs se trouvent Adolphe Thiers pour le National et Lemaire pour le Constitutionnel.

Le 27 juillet, une émeute est déclenchée à la suite de l’intervention policière pour empêcher la sortie de trois journaux : le National, le Globe et le Temps. Les troupes, au nombre de 12 000 hommes, interviennent, commandées par l’impopulaire maréchal Marmont.

Dans la nuit du 27 au 28 juillet le mouvement est devenu révolutionnaire : partout des barricades se sont élevées, et c’est contre 8 000 hommes en armes que se heurtent les troupes de Marmont. Cependant, l’armée de ligne fraternise souvent avec les insurgés et, le 29 juillet au matin, Marmont ne peut plus guère compter que sur la Garde. Alors que la troupe se retire du Louvre, les insurgés continuent leur avance et enlèvent la caserne Babylone, envahissent le Palais-Bourbon : Paris est aux mains des révolutionnaires.

Les députés, réunis chez Jacques Laffitte, constituent une commission municipale, qui comprend entre autres Casimir Perier, Laffitte lui-même. Dans la nuit du 30 au 31 juillet, le roi et la Cour se retirent à Rambouillet, et, le 30 juillet, une proclamation rédigée par Thiers préconise l’appel à Louis-Philippe d’Orléans, qui, le 31 juillet, reçoit les fonctions de lieutenant général. Le 2 août, le roi Charles X abdique.

https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/journ%C3%A9es_de_juillet_1830/126253

II. La Révolution de 1848

Nom donné au mouvement révolutionnaire de février 1848, qui substitua la IIe République à la monarchie de Juillet et prit fin le 26 juin 1848 avec l’écrasement des forces révolutionnaires. Née dans un contexte de crise économique (1845-1847), cette révolution, s’insère dans un mouvement européen : les révolutions européennes de 1848.

La fin de la monarchie de Juillet est marquée par un vaste mouvement favorable à une réforme électorale qui élargirait le pays légal et empêcherait la corruption des députés. Les réformistes, muselés sur le plan légal, s’expriment dans de très nombreuses sociétés secrètes et détournent l’interdiction du droit de réunion en organisant, dans plusieurs villes, des banquets (campagne des banquets) qui réunissent des milliers de personnes.

Un de ces banquets, prévu à Paris le 22 février 1848, est interdit, mais les républicains invitent le peuple à manifester. Le 22, la troupe rétablit l’ordre, mais, le 23, le ralliement de la Garde nationale à la manifestation en faveur de la réforme provoque le renvoi de Guizot. Ce geste du roi ne suffit pas à faire cesser toute manifestation, et une fusillade boulevard des Capucines fait 52 morts et soulève Paris. Le 24 février, Louis-Philippe fait appel à Thiers, puis abdique.

Un gouvernement provisoire proclame la république (25 février), le droit au travail, crée pour les chômeurs des ateliers nationaux, institue la Commission du gouvernement pour les travailleurs (ou Commission du Luxembourg) présidée par Louis Blanc. Il ouvre la Garde nationale à tous, supprime la peine de mort en matière politique (26 février) et l’esclavage dans les colonies françaises (27 avril) grâce à la persuasion de Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’État à la Marine. Il rétablit la liberté de réunion et la liberté de presse. Mais, principale innovation de la IIe République, il instaure le suffrage universel (pour les hommes de plus de 21 ans).

Les élections des 23 et 24 avril amènent à la Chambre une majorité modérée. Le gouvernement provisoire est remplacé le 10 mai par une Commission exécutive (Arago, Garnier-Pagès, Marie, Lamartine, Ledru-Rollin, seul radical à ne pas être exclu), et les troubles de province (Rouen, Limoges) sont réprimés.

À la suite de la manifestation parisienne en faveur de l’indépendance polonaise (15 mai), menée par la gauche, hostile à l’exclusion des socialistes du pouvoir, le mouvement révolutionnaire est brisé : la Commission du Luxembourg est supprimée, tous les clubs d’extrême gauche fermés ; l’ouvrier Albert, Raspail, Blanqui, Barbès sont arrêtés.

Un décret du 21 juin prononce la dissolution de fait des ateliers nationaux, obligeant les ouvriers de moins de 25 ans à s’engager dans l’armée et les autres à gagner la province, faute de quoi ils ne seront plus soldés.

Le 24 juin, la Commission exécutive confie les pleins pouvoirs au général Cavaignac, ministre de la Guerre, afin de mettre en échec les insurgés qui dressent des barricades dans toute la capitale. Dès le 24 au soir, la révolte ouvrière est contenue : l’Hôtel de Ville n’a pas été pris par les insurgés et les troupes enlèvent le Panthéon. Le 25 au matin, les barricades sont prises d’assaut au cours de combats sanglants où Mgr Affre, l’archevêque de Paris, est tué au cours d’une tentative de conciliation faubourg Saint-Antoine. Les derniers combats se déroulent le 26.

Ces journées ont coûté la vie de 1 600 hommes du côté de l’armée et de 4 000 du côté des insurgés. La répression sera très dure : environ 15 000 hommes seront arrêtés et 4 300 déportés en Algérie.(…)

Après la promulgation de la Constitution, en novembre, les conservateurs consolident leur position : d’abord avec l’élection au suffrage universel de Louis Napoléon Bonaparte, comme président de la République (10 décembre), puis par leur succès aux législatives (13 mai 1849). Le parti de l’Ordre obtient deux tiers des sièges, alors que les républicains modérés n’ont que 80 députés, deux fois moins que les républicains avancés, la Montagne, qui disposent de 180 sièges.

D’après l’Encyclopédie Larousse:
https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/r%C3%A9volution_fran%C3%A7aise_de_1848/140734
III. La Commune de Paris

La Commune de Paris, période insurrectionnelle durant laquelle les Parisiens furent maîtres de la capitale, a duré 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871, avant d’être violemment combattue par le gouvernement républicain lors de la Semaine sanglante. Elle est aujourd’hui un mythe fondateur pour les mouvements de gauche.

En juillet 1870 éclate la guerre franco-prussienne. La France enchaîne les désastres militaires avant d’échouer lamentablement à la bataille de Sedan le 1er septembre. L’humiliation atteint son paroxysme lorsque Napoléon III est fait prisonnier par l’ennemi. Sous la poussée populaire, la IIIème République est proclamée le 4 septembre.

Deux semaines plus tard, la capitale est assiégée par les armées prussiennes. Les Parisiens accusent la république bourgeoise et ceux qui l’incarnent, comme le Ministre des Affaires étrangères, Jules Favre, d’être trop conciliants envers la Prusse. Alors que la colère monte chez les ouvriers, le gouvernement en place, à majorité royaliste, choisit de signer un armistice avec le nouvel Empire allemand le 28 janvier 1871. L’Assemblée nationale élue, installée à Bordeaux, se dit prête à accepter le traité de paix imposé par le chancelier Bismarck. Les socialistes parisiens en déplorent les conditions humiliantes : l’Alsace et la Lorraine sont perdues et Paris est déclarée « ville ouverte ». Un mois plus tard, les vainqueurs défilent sur les Champs-Élysées. Les Parisiens se sentent trahis et humiliés. La situation est explosive. Adolphe Thiers, chef du pouvoir exécutif, veut désarmer les Parisiens. Il charge les soldats de l’armée régulière commandée par le général Vinoy de récupérer les canons stockés dans plusieurs quartiers de Paris à Belleville, Ménilmontant et Montmartre. « Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie préméditée », écrit Victor Hugo dans son journal.

1. L’insurrection débute à Montmartre

Le 18 mars 1871, sur la butte Montmartre, les habitants de la capitale – hommes, femmes, enfants, vieillards – affluent pour faire barrage. Les officiers ordonnent de faire feu mais les soldats refusent et se rangent du côté des Parisiens. Des barricades sont montées, les généraux Lecomte et Clément-Thomas sont massacrés.

Thiers et l’ensemble des corps constitués fuient alors Paris pour Versailles tandis que le Comité central de la Garde nationale s’installe à l’Hôtel de ville. Sans l’avoir voulu, les révolutionnaires se retrouvent maîtres de la capitale et de ses deux millions d’habitants. Ils organisent des élections le 26 mars. L’extrême gauche obtient la majorité et les élus ouvriers, artisans, journalistes, avocats, médecins ou encore artistes constituent un conseil de 79 membres. Il est appelé « Commune », en souvenir de la Commune qui a renversé le roi Louis XVI en 1792. Symbole de l’insurrection, le drapeau rouge flotte partout dans la ville. Face à la prise de pouvoir de l’extrême-gauche révolutionnaire, patrons et bourgeois quittent la capitale.

2. La Commune de Paris : une utopie sociale

Les partisans de la Commune de Paris, « communards » ou « fédérés », réquisitionnent les ateliers de production afin que les ouvriers les gèrent eux-mêmes. Les églises deviennent le lieu de clubs de discussion où hommes et femmes peuvent prendre la parole.

L’œuvre sociale de la Commune est audacieuse : elle proclame la séparation de l’Église et de l’État ; l’instruction gratuite, laïque et obligatoire pour les garçons et les filles ; la gratuité de la justice ; l’élection des juges et des hauts fonctionnaires et la suppression de toute distinction entre enfants légitimes et naturels.

3. La Semaine sanglante achève la Commune

Mais voilà qu’à peine remis de leurs épreuves, les Parisiens subissent un deuxième siège, celui de l’armée gouvernementale cette fois. Sous le commandement du maréchal Mac-Mahon, 130.000 militaires sont aux portes de Paris au mois d’avril. Les Communards essuient défaite sur défaite.

Le 21 mai 1871, les Versaillais entrent dans la capitale. Ils sont en supériorité numérique et font face à quelques dizaines de milliers de fédérés seulement. C’est le début de la « Semaine Sanglante ». En trois jours, la moitié ouest de la capitale est aux mains de l’armée gouvernementale. L’Est résiste plus longtemps mais la défaite semble toutefois inévitable. Paris est à feu et à sang : plusieurs monuments sont en proie à d’importants incendies comme le Palais des Tuileries (qui ne sera jamais reconstruit), le Palais de justice et l’Hôtel de Ville.

Après une ultime bataille le 27 mai 1871 au Père-Lachaise, 147 fédérés sont fusillés sur le mur d’enceinte du cimetière. La dernière barricade tombe le lendemain. Ainsi s’achève la Commune de Paris, insurrection qui aura duré 72 jours, du 18 mars au 28 mai 1871. Fier de sa victoire, Mac-Mahon proclame : « Paris est délivré. L’ordre, le travail et la sécurité vont renaître ». En août 1871, Adolphe Thiers est élu président de la IIIème République.

4. Commune de Paris 1871 : le bilan de la tragédie

Le bilan de la Commune de Paris est terrible : 20.000 victimes, 38 000 arrestations et quelques milliers de proscrits et de déportés vers les bagnes de la colonie la plus éloignée de la métropole, la Nouvelle-Calédonie. Ce n’est que dix ans plus tard, en 1880, que viennent les lois d’amnistie et le retour des exilés et des déportés.

https://www.geo.fr/histoire/commune-de-paris-pourquoi-les-parisiens-se-sont-revoltes-204039

I. La formation de différents courants au sein du Judaisme

Le judaïsme réformé émerge dans le climat de progrès et de réformes impulsé par la Haskala ou Lumières juives. Il fut promu en Allemagne sous le nom de judaïsme progressif ou évolutif, par le rabbin Abraham Geiger (1810-1874 : Allemagne) pendant la première moitié du xixe siècle.

Voulant moderniser le judaïsme  ce nouveau courant signifia de nombreux et profonds changements dans le culte, dans la pratique et dans les cérémonies (introduction de l’orgue à la synagogue, usage de la langue vernaculaire, abandon de prières considérées comme archaïques…)

Le judaïsme néo-orthodoxe (orthodoxe moderne, modéré ou encore centriste) fut lui aussi promu en Allemagne au milieu du XIXe siècle par le rabbin Samson Raphael Hirsch (1808-1888) en réaction à ce qu’il considérait comme un égarement du judaïsme réformé. Le judaïsme néo-orthodoxe proposait de concilier une observance rigoureuse des lois et des traditions du judaïsme avec les exigences de la société contemporaine : promotion de la culture locale et du patriotisme, adoption des vêtements occidentaux, amélioration de la condition féminine.

Face à l’enracinement des idées de la haskala , les hassidisme et les mitnagdim qui se déchiraient au 18e siècle, vont se rapprocher au 19e pour faire front commun contre ce qu’ils considéraient comme un menace pour le judaïsme et se rapprochent idéologiquement et pratiquement. Les deux courants restent néanmoins bien distincts. Cependant, le judaïsme lithuanien, héritiers du Gaon de Vilna et adepte de l’étude du talmud et de la halakha intensive, ne peut faire l’économie d’une remise en question initiée par Rav Israël de Salant (1810-1883) fondateur de la Tenouat ha-Moussar (mouvement de la morale) qui va propager l’idée qu’une étude talmudique doit être complétée par celle quotidienne d’un texte traitant directement des midot, des qualités humaines.

II. L’affaire Dreyfus

En septembre 1894, une femme de ménage, espionne française employée à l’ambassade d’Allemagne, trouve dans une corbeille à papiers un bordereau portant la liste des documents qu’un officier d’Etat-major se propose de vendre à l’Allemagne. Deux officiers sont soupçonnés : le commandant comte Esterhazy et le capitaine Alfred Dreyfus. Ce dernier est arrêté le 15 octobre 1894.

Le 22 décembre 1894, Dreyfus, est condamné par un Conseil de guerre, après trois jours de procès à huis-clos, à partir de « preuves » tenues secrètes, que même son avocat n’a pu consulter. En janvier 1895, Alfred Dreyfus est dégradé et déporté à l’Ile du Diable, au large de Cayenne.

Pendant près de deux ans, l’affaire est en sommeil : à l’exception du capitaine, de son frère Mathieu et de sa femme Lucie, personne ne croit à l’innocence de Dreyfus. En ces temps ou la « Revanche » contre l’Allemagne cimente la nation, personne n’ose mettre en cause l’armée française.

Toutefois, le 14 septembre 1896, L’Eclair publie « toutes les preuves », fausses, fournies par l’Etat-major et le 10 novembre 1896, Le Matin, publie un fac-similé du bordereau, qui est ainsi montré pour la première fois. Bernard Lazare, l’avocat de Dreyfus, peut alors entreprendre de démontrer l’innocence du capitaine.

Croyant faire face aux accusations contre Esterhazy, l’armée le traduit en Conseil de guerre, qui l’acquitte le 11 janvier 1898. C’est alors qu’éclate le coup de tonnerre : la « Lettre à M. Félix Faure, président de la République », publiée dans L’Aurore, le 13 janvier 1898, dont le titre journalistique, trouvé par Georges Clemenceau, est « J’accuse ! »..

Dans son argumentaire détaillé, Zola revient longuement sur les officiers supérieurs qui ont manipulé les conseils de guerre pour faire condamner Alfred Dreyfus puis innocenter le véritable coupable de trahison, Esterhazy. Il termine en accusant nominalement l’ensemble des protagonistes militaires. Il y a là, évidemment, matière à scandale et à procès en diffamation devant la Cour d’assises.

Le jour même, la Chambre des députés décide des poursuites contre Zola, par 312 voix contre 122. Le ministre de la Guerre, dépose plainte. Le procès de Zola dure du 7 au 23 février 1898. Condamné à un an de prison et 3 000 francs d’amende, Zola s’exile.

 Un coup de théâtre éclate le 31 août 1898 : une pièce qui avait été utilisée contre Dreyfus est reconnue comme un faux. Son auteur, le colonel Henry, avoue et se suicide.

Une campagne de presse en faveur de la révision contraint la Cour de cassation à ordonner la révision du procès. Du 7 août au 9 septembre 1899, le deuxième procès d’Alfred Dreyfus a lieu devant le Conseil de guerre de Rennes, sous la surveillance de centaines de journalistes. Dreyfus est déclaré coupable, avec des circonstances atténuantes. Le président Loubet gracie immédiatement Dreyfus qui est libéré. Mais les dreyfusards exigent la réhabilitation du capitaine Dreyfus, qui sera acquise en 1906.

Le premier congrès sioniste mondial.

Malgré la destruction du temple par Titus (70 de notre ère) et l’exil de l’ensemble du peuple, la relation à la terre d’Israël et le désir d’un retour n’a jamais disparu. Pourtant le rapport à Sion au fur et à mesure que l’exil se prolongeait devenait de plus en plus spirituel et de moins en moins réel.

Certains cependant, dont les rabbins Yehouda Alkalaï (1795-1874 ) et Zvi Kalisher (1812-1875), sans nier que c’est l’intervention surnaturelle de Dieu qui permettrait un retour à Sion considérèrent qu’il  s’en suivrait une phase initiale où l’homme jouerait un rôle actif.

Des retours en Israël (alyot) suivront :

–  La première entre 1881-1890 suite aux pogroms en Russie sous le règne du Tsar Alexandre III. Ils sont aidés financièrement par le baron Edmond de Rothschild.

La seconde entre 1903-1914 également de Russie. Ils fondent les premiers kibboutzim Degania.

– La troisième (1919-1923)suite aux  troubles en Europe orientale qui suivent la Première guerre mondiale et la Révolution russe

Mais il appartiendra à Theodor Herzl en organisant le premier congres sioniste mondial à Bâle en 1897 de fonder l’organisation qui sera l’instrument de mise en pratique politique du sionisme

Il en fut le président de ce congrès auquel assistèrent quelque 200 participants, venant de 17 pays, Après la cérémonie d’ouverture le congrès passa à l’ordre du jour dont les principaux points furent :

  • la présentation des plans de Theodor Herzl
  • la fondation de l’Organisation sioniste
  • la déclaration des objectifs du sionisme, le programme de Bâle

Puis le congrès sioniste s’est réuni chaque année de 1897 à 1901, puis, à l’exception des années de guerre, tous les 2 ans entre 1903 et 1913 puis 1921 et 1939.

 

Histoire générale

La difficile entrée dans l'âge démocratique

Histoire juive

La difficile accession à la citoyenneté

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