A la croisée des Histoires

Histoire générale

Le XVIIIe siècle, Lumières et révolutions

Histoire juive

L'accession des Juifs à la citoyenneté

I. Le siècle des lumières et la révolution française

Les idées des lumières.

Peu à peu, sous l’influence de l’Angleterre, l’idée que le roi ne doit pas disposer d’un pouvoir absolu et que son autorité ne lui vient pas de Dieu progresse dans l’esprit des Français. Depuis le début du XVIIIe siècle, des écrivains rédigent des ouvrages pour exprimer ces nouvelles idées comme Montesquieu dans l’Esprit des lois. On appelle ces écrivains les philosophes des Lumières. (cf. personnage/ l’Abbé Grégoire – Condorcet)

Des philosophes comme Rousseau souhaitent une plus grande justice entre les hommes et réclament l’égalité des droits entre eux. Condorcet défend les opprimés et les exclus. Il proteste contre l’esclavage des noirs, et l’exclusion des Juifs. Voltaire se révolte contre le sort réservé aux protestants mais exprime pourtant son aversion envers les Juifs.

 

Une planche de l’encyclopédie Deux philosophes français, Diderot et d’Alembert, présentent à l’Europe cultivée un tableau des connaissances acquises depuis la Renaissance. Ils réunissent 200 auteurs et publient les volumes de l’Encyclopédie de 1751 à 1772.
II La réunion des Etats généraux

Depuis le milieu du XVIIIe siècle, l’État est au bord de la faillite. Les Etats généraux réunit les députés des trois ordres qui composent la société : noblesse, clergé et Tiers état. La dernière réunion des Etats généraux date de 1614. Le roi convoque cette assemblée pour tenter de résoudre la crise financière  qui secoue le royaume.
Les Etats généraux furent précédés par la rédaction des cahiers de doléances et par l’élection des députés, ce qui permit aux Français d’exprimer librement leurs opinions.
En arrivant à Versailles, les députés du Tiers état sont porteurs de revendications visant à restreindre la monarchie absolue et à abolir les privilèges des deux autres ordres.

 

III. De la monarchie à la République

 La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen et la monarchie constitutionnelle

Le 5 mai 1789, les députés du tiers état s’opposent au roi et aux privilégiés. Ils décident de former une Assemblée Nationale Constituante afin de rédiger une constitution. Comme le roi veut faire appel à l’armée pour défendre son pouvoir, les Parisiens se soulèvent et prennent la Bastille le 14 juillet. Soutenue par le peuple, l’Assemblée Nationale vote l’abolition des privilèges le 4 août 1789 et rédige la déclaration des droits de l’homme et du citoyen le 26 août 1789.

David Jacques Louis (1748-1825). Versailles, château de Versailles et de Trianon. MV8409;INVDessins736;RF1914.

( cf. autre ressource)

La fin de la monarchie constitutionnelle et la naissance de la première République

Dans la nuit du 20 juin 1791, Louis XVI s’était enfui vers l’étranger. Il avait été reconnu et arrêté à Varennes. Le peuple n’a plus confiance en lui. Le 20 avril 1792, la guerre contre les Prussiens éclate. Le roi ne prend pas les mesures nécessaires pour la défense de Paris. Le 10 août 1792, les sans-culottes se révoltent et attaquent les Tuileries où se trouve le roi. La monarchie est renversée et le 22 septembre 1792, la République est proclamée par la nouvelle assemblée élue, la Convention. Le roi est exécuté le 21 janvier 1793. Cependant la Convention a déclaré la patrie en danger car les troupes ennemies veulent envahir la France et la guerre civile menace en Vendée. Dans ce contexte, un groupe de députés, les Montagnards, prennent le pouvoir et créent un Comité de salut public. Ce comité exerce une dictature.  La Terreur est à l’ordre du jour.

Les étapes de la révolution françaises : des Etats généraux à la terreur
IV. Le coup d’Etat du 18 brumaire et l’Empire

Le coup d’Etat du 18 brumaire et l’Empire

Les Français sont lassés par ce régime de terreur, En novembre 1799, le général Napoléon Bonaparte met fin à la République par un coup d’État et établit le consulat. Il est sacré empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier, le 2 décembre 1804. Le Premier Empire est un régime autoritaire : Napoléon concentre tous les pouvoirs entre ses mains. La police surveille la population. La presse est censurée.

Napoléon confirme certains acquis de la Révolution : les Français sont des citoyens égaux devant la loi grâce au code civil (1804). Napoléon rétablit la paix religieuse et signe le Concordat avec l’Église catholique en 1801.Il crée le franc germinal (1803). Il institue des lycées pour former les élites et il crée la Légion d’honneur pour récompenser les services rendus à l’État.

Empereur des Français en 1804, Napoléon Ier construit un empire autoritaire qui domine l’Europe. Il y diffuse les principes de la Révolution.
I. Les Juifs de France à la veille de la révolution de 1789

Les différentes communautés.

  • Les communautés juives du Sud-ouest:

Elles sont constituées des marranes venus d’Espagne et du Portugal. Ils pratiquent le judaïsme en cachette et s’affichent comme chrétiens. Ils obtiennent des autorisations de séjour en France par lettres patentes.

  • Les communautés juives d’Alsace et de Lorraine :

au moment du rattachement de ces territoires au royaume de France, ces communautés ont besoin d’autorisations de résidence et ne peuvent pas pratiquer tous les métiers. Ils sont humiliés. Les Alsaciens comme les Lorrains pratiquent un judaïsme fervent.

  • Les Juifs d’Avignon et du Comtat Venaissin

Ils sont tolérés pour deux raisons : ils procurent aux Etats du pape des ressources financières et ils sont considérés comme le peuple témoin. Ils sont maintenus dans un état d’humiliation et sont frappés de nombreuses interdictions : se déplacer librement, pratiquer le métier de leur choix, pratiquer leur religion. Ils vivent dans des carrières.

Les différentes revendications des communautés juives en 1789

En 1789, Le royaume de France compte 40 000 Juifs sur une population de 28 millions d’habitants. Les différentes communautés se présentent à la veille de la révolution avec des revendications différentes:

Les Juifs de l’Est réclament l’abolition du péage corporel, l’autorisation de s’établir partout, d’acquérir des terres, de pratiquer tous les métiers.

Les Juifs du Sud-ouest, fiers de leur intégration à la société française, souhaitent conserver leurs privilèges et refusent une loi générale qui les assimile aux juifs de l’Est.

 

 

II. Les étapes de l’émancipation des Juifs de France : 1784-1789

Des philosophes des lumières comme Rousseau souhaitent une plus grande justice entre les hommes et réclament l’égalité des droits entre eux. Condorcet défend les opprimés et les exclus. Il proteste contre l’esclavage des noirs, et l’exclusion des Juifs. Voltaire se révolte contre le sort réservé aux protestants mais exprime pourtant son aversion envers les Juifs.

En Allemagne, un livre, « la réforme politique des juifs » publié à Berlin en 1783, écrit par l’historien Christian Dohm, à la demande de Moses Mendelssohn, montre pour la première fois les qualités de Juifs, leur attachement à la vie familiale, leur caractère laborieux. Il demande aux Chrétiens de leur accorder les mêmes droits qu’aux autres citoyens, au nom de l’humanité et de la justice. Cet écrit influence le comte de Mirabeau qui reprend ces idées en France.

  • 1ère étape : l’abolition du péage corporel

Le péage corporel, taxe sur les hommes, est supprimé par Louis XVI dans l’ensemble du royaume, mais il est toujours appliqué aux Juifs en Alsace. Il est supprimé par Louis XVI le 17 janvier 1784 après l’intervention de Cerf Berr, syndic des Juifs d’Alsace et fournisseur des armées.

  • 2ème étape : Le cas des sujets non catholiques

Un ministre de Louis XVI, Malesherbes, se préoccupe du problème des sujets non catholiques. En effet, dans le royaume de France, seul le baptême, confère l’état civil. Les non catholiques se retrouvent donc sans état civil Sous l’influence des lumières, Un édit « est publié en 1787 qui octroie l’état civil aux non-catholiques.

  • 3ème étape : Le concours de l’Académie de Metz

 En 1787, cinq candidats présentent leurs réflexions au Concours de la Société Royale de Metz sur le thème :« Est-il un moyen de rendre les Juifs plus utiles et plus heureux en France ? »

Les trois candidats qui ont une opinion favorable aux Juifs se partagent le prix de l’Académie : l’abbé Grégoire, l’avocat Claude-Antoine Thierry, et le Juif polonais Zalkind Hourwitz.

 

III. La réunion des Etats généraux et les Juifs de France

Les Juifs de l’Est souhaitent obtenir l’égalité avec les chrétiens, l’autorisation d’exercer les métiers de leur choix, de s’établir librement partout et d’acquérir des biens immeubles. Malgré la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, le statut des Juifs n’est pas réglé. A ce sujet, un débat s’ouvre à l’assemblée nationale. L’édit d’expulsion de 1394 n’ayant pas été officiellement aboli, les Juifs ne peuvent pas, en principe, rédiger les cahiers de doléances et élire des députés. Or les Juifs d’origine portugaise ont reçu depuis des décennies des lettres patentes. Quant aux Juifs de l’Est, ils sont nés sur le territoire français et sont inscrits dans le registre des impôts.

1777
registre des impôts concernant les Juifs de Metz.

 

Juifs portugais, alsaciens et lorrains peuvent donc être convoqués à la préparation des États généraux. Sur 40 000 cahiers de doléances seuls 307 abordent le statut des juifs. ( cf. personnage/David Sintzheim)

Les Juifs du Sud-ouest sont confirmés dans leurs privilèges et obtiennent les droits de citoyens actifs, le 28 janvier 1790, après un débat à l’assemblée à 374 voix contre 224.

Les Juifs de Paris et de l’Est doivent continuer le combat pour accéder à la citoyenneté.

Mais, la fuite du roi, arrêté à Varennes le 21 juin 1791, provoque une grave crise politique. La rue gronde, de violents pamphlets se répandent contre le couple royal. On exige la chute de Louis XVI et la République gagne en partisans.

Finalement le 27 septembre 1791, l’Emancipation des Juifs est adopté

Les Juifs français au lendemain du décret d’émancipation

Les Juifs doivent s’adapter et s’intégrer à leur nouveau statut dans une France traversée par de nombreux soubresauts. Ainsi, la Terreur, avec sa politique antireligieuse n’épargne pas les Juifs. Les églises, les temples et les synagogues sont fermés, l’observance du dimanche et du shabbat est interdite et les rabbins suspendus de leurs fonctions. Les Juifs continuent d’exercer leur culte en secret, dans les maisons privées. Des Juifs opposés à la terreur ou fortunés comme Cerf Berr sont incarcérés pendant plusieurs mois.

Les Français sont lassés par ce régime de terreur, ils admirent leurs généraux, en particulier le général Bonaparte qui s’empare du pouvoir par un coup d’Etat le 18 brumaire (9 novembre 1799). C’est à Napoléon que revient la charge de définir les rapports entre l’Etat et les différents cultes, dont le culte juif.

IV. L’Empire ou L’intégration à l’essai

Dès le début du Consulat, Napoléon s’applique à organiser les cultes en France. Le concordat, signé en 1801 fixe les règles pour les Catholiques et les Protestants.

Pour le culte israélite, Napoléon convoque une assemblée «  un Parlement juif » en mai 1806 présidé par Abraham Furtado. Ce parlement doit répondre à 12 questions qui permettront à Napoléon de juger si « les Juifs sont aptes à respecter les lois françaises ». ( cf. autre ressources/ les douze questions posées aux notables juifs.)

Les réponses satisfont Napoléon qui convoque alors une seconde assemblée, composée surtout de rabbins, « le Grand Sanhédrin ». Cette seconde assemblée approuve les réponses du Parlement juif aux questions posées. Les consistoires locaux et le consistoire Central de Paris sont créés.

 

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L'accession des Juifs à la citoyenneté

De la monarchie à l’Empire

Questionnaire

1. Quelles idées sont défendues par les philosophes des Lumières ?

2. Quelle est la situation de la France à la veille de la révolution?

3. Comment se compose la société française à la veille de la révolution?

4. Quelles sont les doléances des Français? En quoi ces doléances sont-elles contradictoires?

5. Pourquoi les députés du Tiers Etat refusent-ils de quitter la salle du jeu de Paume? Que décident-ils alors?

6. Pourquoi les Parisiens s’attaquent-ils à la Bastille?

7. Que se passe-t-il  le 4 août 1789?

8. Quand est promulguée la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen?

9. Que se passe-t-il dans la nuit du 20 juin 1791?

10. Quelles en sont les conséquences le 22 septembre 1792?

11. Qu’est-ce qui justifie le régime de la Terreur?

12. Que se passe-t-il le 18 brumaire?

13. Quelles sont les réalisation de Napoléon conformes aux idéaux de la révolution?

14. En quoi Napoléon est-il en rupture avec ces idéaux?

L’accession des Juifs de France à la citoyenneté

Questionnaire

1. Quels sont les 3 lieux de résidence des juifs de France avant la révolution ?

2. Quelles sont leurs revendications ?

3. Citer les 3 étapes de l’émancipation des juifs.

4. A quoi correspond la date du 5 mai 1789 ?

5. Que demandent les juifs ?

6. Quand obtiennent-ils satisfaction ?

7. Qui procède à l’organisation du culte israélite en France ?

8. Que doit faire le parlement convoqué par Napoléon ?

9. Qu’est-ce qui sera crée suite à la réunion du Grand Sanhédrin ?

10. Cite deux grande personnalités juives de cette époque.

 

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L'accession des Juifs à la citoyenneté

Henri, dit l’abbé Grégoire

Homme politique français (1750-1831).

Prêtre, député du clergé aux États généraux de 1789, il prêta serment à la Constitution civile du clergé (1790) et fut à l’origine de l’émancipation des Juifs français. Évêque constitutionnel de Loir-et-Cher (1791), député à la Convention, il fit voter l’abolition de l’esclavage et contribua à la fondation de l’Institut, dont il allait être membre, ainsi que du Conservatoire des arts et métiers. Gallican convaincu, Grégoire s’efforça, après 1795, de redonner vie, dans un sens  collégial, à l’Église constitutionnelle ; il réunit deux conciles nationaux (1797 et 1801), mais la politique romaine de Bonaparte ne lui permit pas de réussir. Membre des Cinq-Cents (1795-1798), du Corps législatif (1800), puis du Sénat (1802), il s’opposa au despotisme napoléonien et démissionna de son évêché après le Concordat. Il fut élu député de l’Isère en 1819, mais les ultraroyalistes l’empêchèrent de siéger. Son enterrement fut le prétexte d’une grande manifestation libérale. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1989.

D’après le dictionnaire LAROUSSE
Marie Jean Antoine Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet
Condorcet

Philosophe, mathématicien et homme politique français (Ribemont 1743-Bourg-la-Reine 1794).

Lié à d’Alembert, à Voltaire et surtout à Turgot, il collabore à l’Encyclopédie. En 1789, il est reconnu comme l’héritier des penseurs du XVIII s. et le chef du « parti philosophique », défenseur des droits de l’homme. Député à l’Assemblée législative et à la Convention, il élabore un plan d’organisation de l’instruction publique ainsi qu’un projet de Constitution, restés lettre morte. Ami des Girondins, sans leur être inféodé, hostile à la peine de mort contre Louis XVI, il est l’objet d’un décret d’accusation en juillet 1793, puis se dérobe pendant 8 mois aux recherches. Arrêté, emprisonné, on le retrouve mort ; sans doute s’est-il empoisonné grâce à l’aide de son beau-frère, Georges Cabanis. Il avait eu le temps de rédiger son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain, où il s’enthousiasme pour l’esprit des Lumières, et dit sa confiance dans la science et ses conséquences bienfaisantes. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1989. (Académie des sciences, 1769 ; Académie française, 1773.)

D’après le dictionnaire LAROUSSE
Condorcet
https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Condorcet/1005699

 

 

I. Cerf Beer

A la veille de la révolution la communauté de l’est de la France reste la plus importante mais les juifs y subissent encore de nombreuses discriminations et mesures vexatoires.

Cerf Beer de son vrai nom « Hirtz Baer » dont le père est un juif de cour important et fortuné, décide très tôt de se faire le gardien de la communauté alsacienne.

Dès 1756 il gagne les faveurs de Louis XV puis obtient en 1775 de Louis XVI, grâce aux services rendus à la couronne « les mêmes droits que tous les sujets du royaume ».
Ses privilèges lui permettent dès lors d’aborder les problèmes qui le concernent  et ceux de l’ensemble des juifs d’Alsace. Il obtient en 1784 pour eux l’abolition du « péage corporel ».

Ces avancées ne seront que temporelles mais son prestige restera entier vu ses multiples combats pour la communauté et les nombreuses institutions, hospices synagogues et écoles talmudiques notamment à Bisheim, qu’il a crée.

Portrait de Cerf Berr conservé à l’Hospice Elisa à Strasbourg

 

II. David Sintzheim

David Sintzheim né en 1745 à  Trèves en Allemagne et mort à Paris en 1812, fut le premier grand rabbin de France ;Issu d’une famille de rabbins, il se consacre à l’étude. Il épouse vers 1765 la sœur de Cerf-Berr qui combattra toute sa vie pour les droits des Juifs. En 1785, il devient directeur de la yeshiva de Bischheim. Il est un des 6 délégués des Juifs de l’est aux États généraux en 1789.

Rabbin de Strasbourg, il est un des personnages principaux de l’assemblée des notables convoquée par Napoléon en 1806. Il est, par la suite, nommé président du Sanhédrin. Il devient le premier grand rabbin du Consistoire central, c’est-à-dire le premier grand rabbin de France.

David Sintzheim – gravure Prudhon – dessin Damame. Collection Mireille et GR Warschawski.

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Le Serment du Jeu de Paume
Les douze questions posées aux notables juifs

1- Est-il permis aux Juifs d’épouser plusieurs femmes?

2-Le divorce est-il permis par la loi juive? Le divorce est-il valable sans qu’il soit prononcé par les tribunaux et en vertu de lois du Code français?

3-Une juive peut-elle se marier avec un chrétien et une chrétienne avec un Juif? Ou la loi veut-elle que les Juifs ne se marient qu’entre eux?

4-Aux yeux des Juifs, les Français sont-ils des frères ou sont-ils des étrangers?

5-Dans l’un et l’autre cas, quels sont les rapports que leur loi prescrit avec les Français qui ne sont pas de leur religion?

6-Les Juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie? Ont-ils l’obligation de la défendre? Sont-ils obligés d’obéir aux lois et de suivre toutes les dispositions du Code civil?

7-Qui nomme les rabbins?

8-Quelle juridiction de police exercent les rabbins parmi les Juifs? Quelle police judiciaire exercent-ils parmi eux?

9-Ces formes d’élection, cette juridiction de police, sont-elles voulues par leur loi ou seulement consacrées par l’usage?

10-Est-il des  professions que la loi des Juifs leur défende?

11-La loi des Juifs leur défend-elle de faire l’usure à leurs frères?

12-Leur défend-elle ou leur permet-elle de faire l’usure aux étrangers?

Les notables juifs, membres de l’assemblée, répondent que le judaïsme prescrit de tenir « comme loi suprême la loi du prince en matière civile et politique » et qu’eux-mêmes se sont toujours « fait un devoir de se soumettre aux lois de l’État ».

Quand vient la question de savoir si les Juifs considèrent les Français comme leurs frères et s’ils sont prêts à défendre la patrie, tous les membres de l’Assemblée, se levant d’un bond, s’écrient « jusqu’à la mort! ».

L’unanimité se fait également pour condamner l’usure et pour rappeler que la permission de prêter à intérêt n’autorise nullement les abus.

La seule question vraiment embarrassante est celle des mariages mixtes: Napoléon veut les multiplier, pour hâter le « mélange de la race juive et de la race française ».

Après une vive discussion, l’assemblée fait une réponse conciliante mais habile, qui préserve l’essentiel : ces mariages ne sont pas absolument interdits, mais « les rabbins ne sont pas plus disposés à bénir le mariage d’une chrétienne avec un juif, ou d’une juive avec un chrétien, que les prêtres catholiques ne consentent à bénir de pareilles unions ».

 

 

 

 

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