1- Est-il permis aux Juifs d’épouser plusieurs femmes?
2-Le divorce est-il permis par la loi juive? Le divorce est-il valable sans qu’il soit prononcé par les tribunaux et en vertu de lois du Code français?
3-Une juive peut-elle se marier avec un chrétien et une chrétienne avec un Juif? Ou la loi veut-elle que les Juifs ne se marient qu’entre eux?
4-Aux yeux des Juifs, les Français sont-ils des frères ou sont-ils des étrangers?
5-Dans l’un et l’autre cas, quels sont les rapports que leur loi prescrit avec les Français qui ne sont pas de leur religion?
6-Les Juifs nés en France et traités par la loi comme citoyens français regardent-ils la France comme leur patrie? Ont-ils l’obligation de la défendre? Sont-ils obligés d’obéir aux lois et de suivre toutes les dispositions du Code civil?
7-Qui nomme les rabbins?
8-Quelle juridiction de police exercent les rabbins parmi les Juifs? Quelle police judiciaire exercent-ils parmi eux?
9-Ces formes d’élection, cette juridiction de police, sont-elles voulues par leur loi ou seulement consacrées par l’usage?
10-Est-il des professions que la loi des Juifs leur défende?
11-La loi des Juifs leur défend-elle de faire l’usure à leurs frères?
12-Leur défend-elle ou leur permet-elle de faire l’usure aux étrangers?
Les notables juifs, membres de l’assemblée, répondent que le judaïsme prescrit de tenir « comme loi suprême la loi du prince en matière civile et politique » et qu’eux-mêmes se sont toujours « fait un devoir de se soumettre aux lois de l’État ».
Quand vient la question de savoir si les Juifs considèrent les Français comme leurs frères et s’ils sont prêts à défendre la patrie, tous les membres de l’Assemblée, se levant d’un bond, s’écrient « jusqu’à la mort! ».
L’unanimité se fait également pour condamner l’usure et pour rappeler que la permission de prêter à intérêt n’autorise nullement les abus.
La seule question vraiment embarrassante est celle des mariages mixtes: Napoléon veut les multiplier, pour hâter le « mélange de la race juive et de la race française ».
Après une vive discussion, l’assemblée fait une réponse conciliante mais habile, qui préserve l’essentiel : ces mariages ne sont pas absolument interdits, mais « les rabbins ne sont pas plus disposés à bénir le mariage d’une chrétienne avec un juif, ou d’une juive avec un chrétien, que les prêtres catholiques ne consentent à bénir de pareilles unions ».